Nouvelles
17.06.2018
Strasbourg : création d'un jeune Cercle Richard Wagner
Sous l'oeil bienveillant du Cercle Wagner de Strasbourg, et de son président, Louis Oster, figure infatigable dans la promotion de l'oeuvre de Wagner, une initiative riche de promesses vient de voir le jour : la création d'un cercle Wagner dédié aux jeunes.
Son premier Président, Étienne Ferrer, nous a accordé un interview pour présenter son association, ses projets et sa raison d'être !
Un signe magnifique de la vivacité du Wagnérisme français !
Christian Ducor : Cher Étienne, vous vous lancez dans une aventure, aussi sympathique que difficile, à savoir créer un cercle Wagner pour les jeunes. Quel est tout d’abord votre parcours ?
Étienne Ferrer : Ma formation musicale commence en Vendée, au Conservatoire de la Roche-sur-Yon en tant que violoncelliste. Je suis ensuite accepté au Conservatoire Régional de Poitiers où j’y obtiens mon diplôme quelques années plus tard en 2014. Attiré par la direction d’orchestre depuis longtemps, je commence à étudier la musicologie à l’Université de Strasbourg, où j’ai l’opportunité de diriger mes premiers ensembles vocaux et instrumentaux. En 2015, je passe le concours d’entrée en direction d’orchestre et entre dans les classes de direction de Theodor Guschlbauer et Miguel Etchegoncelay au Conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg, avec lesquels j’étudie encore.
Ch. D. : En qualité de musicien, quelles sont vos premières expériences dans le domaine lyrique ?
É. F. : Ma passion pour le lyrique est le fruit de l’enseignement de Theodor Guschlbauer, qui met toujours un point d’honneur à inclure, en plus des pièces symphoniques, l’apprentissage des pages les plus difficiles du répertoire de l’opéra à notre formation : Mozart, Verdi, Wagner, Bizet, Rossini… Par sa grande expérience de chef lyrique, il nous apprend à être le liant entre la scène et la fosse en ayant une flexibilité pour s’adapter à n’importe quel interprète que l’on accompagne et à être solide en toute situation.
De là est née une envie de monter et de diriger moi-même des opéras. Mais en tant qu’étudiant, personne ne va venir vous donner cette occasion, c’est à vous de créer vos propres opportunités ! C’est ainsi que je suis associé avec Pierre-Luc Moreau, rencontré à l’université, pour créer l’Ensemble Lirico Spinto, avec lequel nous avons monté une production de l’opéra Cavalleria Rusticana de Mascagni en mars 2016.
Dans ce projet, la diversité des rôles à assumer a été très formatrice, car j’étais seul responsable de la qualité musicale d’un projet rassemblant un orchestre de 40 musiciens, de cinq chanteurs solistes et d’une vingtaine de choristes. Le challenge était grand, mais la qualité artistique a été à la hauteur du premier défi que nous nous étions lancé.
Forts de notre précédente expérience, nous avons recommencé avec succès en mai 2017 avec notre production de l’opéra Don Quichotte de Jules Massenet. Aujourd’hui, de nouveaux projets sont en cours de préparation…
Ch. D. : Quel est votre investissement désormais dans la vie musicale strasbourgeoise ?
É. F : A côté de Lirico Spinto, je suis également devenu directeur musical de l’Ensemble Opéra Piano à Strasbourg ; il s’agit d’un ensemble spécialisé dans la production d’opérettes et plus particulièrement les œuvres de Jacques Offenbach.
C’est un répertoire qui me tient beaucoup à cœur (notamment les opérettes hongroises de Kálmán et Lehár) et qui est je pense, trop peu étudié et joué en France. Le manque d’accessibilité à un matériel de qualité est aussi un frein à sa diffusion, et laisse place à des arrangements qui ne rendent pas justice à cette musique qui, au-delà de l’aspect jovial et pétillant, est très difficile ! En effet, la direction d’opérettes demande une technique et une concentration à toute épreuve afin de s’adapter aux changements de caractères brusques mais aussi gérer les aléas du direct, liés à la musique ou à la mise en scène.
Ch. D. : Et Wagner dans tout ça ?
É. F. : Ayant remarqué mon engagement dans l’art lyrique, Mathieu Schneider, un de mes professeurs à l’Université de Strasbourg et grand spécialiste de Wagner, m’a demandé de prendre l’initiative de créer le Jeune Cercle Wagner, avec l’appui de Louis Oster, président du Cercle de Strasbourg. Ce dernier nous soutient dans nos démarches et nous invite régulièrement dans leurs déplacements, notamment à Karlsruhe où nous avons pu voir de belles productions de la Tétralogie.
Ch. D. : Quelle est la spécificité d’un cercle Wagner dédié aux jeunes ?
É. F. : La création d’un Jeune Cercle Wagner partait du constat suivant : la moyenne d’âge élevée des cercles et la situation sociale de leurs membres crée un gouffre entre les anciens et les jeunes amateurs de lyrique. Notre cercle est là pour créer un lien entre les générations autour de l’opéra en général, mais également autour l’œuvre de Wagner. Nous sommes là pour partager cet art avec ceux qui ne le connaissent pas ou qui n’y ont pas accès, ainsi que leur donner l’envie et les possibilités de développer leur goût pour la musique lyrique et la scène.
Il faut donc amener les jeunes à l’opéra mais aussi amener l’opéra aux jeunes, en organisant des soirées, des sorties à l’opéra (à Strasbourg ou même à l’étranger), des récitals orchestre/soliste comprenant des extraits d’œuvres afin de faire découvrir ce répertoire que l’on peut difficilement connaître sans entrer dans une salle d’opéra.
Je pense qu’aujourd’hui et dans les conditions politiques actuelles, la diffusion de l’art lyrique doit être opérée d’une autre manière, afin de toucher un plus large public, et qu’il est possible de convaincre ce public que cet art n’est pas un produit du passé réservé aux générations précédentes. Je suis convaincu qu’il est bien un art d’aujourd’hui pouvant toucher tout le monde. Pour ce faire, nous envisageons par exemple d’autres formes de concerts, mettant un point d’honneur à la communication directe avec le public…
Ch. D. : Merci, Cher Étienne, de cette initiative si bienvenue ! Grâce à votre enthousiasme, la passion wagnérienne n’est pas près de s’éteindre, et nul ne doute que Strasbourg demeurera encore longtemps l’une des villes les plus actives en France pour promouvoir l’œuvre poétique et musicale de Richard Wagner.
Son premier Président, Étienne Ferrer, nous a accordé un interview pour présenter son association, ses projets et sa raison d'être !
Un signe magnifique de la vivacité du Wagnérisme français !
Christian Ducor : Cher Étienne, vous vous lancez dans une aventure, aussi sympathique que difficile, à savoir créer un cercle Wagner pour les jeunes. Quel est tout d’abord votre parcours ?
Étienne Ferrer : Ma formation musicale commence en Vendée, au Conservatoire de la Roche-sur-Yon en tant que violoncelliste. Je suis ensuite accepté au Conservatoire Régional de Poitiers où j’y obtiens mon diplôme quelques années plus tard en 2014. Attiré par la direction d’orchestre depuis longtemps, je commence à étudier la musicologie à l’Université de Strasbourg, où j’ai l’opportunité de diriger mes premiers ensembles vocaux et instrumentaux. En 2015, je passe le concours d’entrée en direction d’orchestre et entre dans les classes de direction de Theodor Guschlbauer et Miguel Etchegoncelay au Conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg, avec lesquels j’étudie encore.
Ch. D. : En qualité de musicien, quelles sont vos premières expériences dans le domaine lyrique ?
É. F. : Ma passion pour le lyrique est le fruit de l’enseignement de Theodor Guschlbauer, qui met toujours un point d’honneur à inclure, en plus des pièces symphoniques, l’apprentissage des pages les plus difficiles du répertoire de l’opéra à notre formation : Mozart, Verdi, Wagner, Bizet, Rossini… Par sa grande expérience de chef lyrique, il nous apprend à être le liant entre la scène et la fosse en ayant une flexibilité pour s’adapter à n’importe quel interprète que l’on accompagne et à être solide en toute situation.
De là est née une envie de monter et de diriger moi-même des opéras. Mais en tant qu’étudiant, personne ne va venir vous donner cette occasion, c’est à vous de créer vos propres opportunités ! C’est ainsi que je suis associé avec Pierre-Luc Moreau, rencontré à l’université, pour créer l’Ensemble Lirico Spinto, avec lequel nous avons monté une production de l’opéra Cavalleria Rusticana de Mascagni en mars 2016.
Dans ce projet, la diversité des rôles à assumer a été très formatrice, car j’étais seul responsable de la qualité musicale d’un projet rassemblant un orchestre de 40 musiciens, de cinq chanteurs solistes et d’une vingtaine de choristes. Le challenge était grand, mais la qualité artistique a été à la hauteur du premier défi que nous nous étions lancé.
Forts de notre précédente expérience, nous avons recommencé avec succès en mai 2017 avec notre production de l’opéra Don Quichotte de Jules Massenet. Aujourd’hui, de nouveaux projets sont en cours de préparation…
Ch. D. : Quel est votre investissement désormais dans la vie musicale strasbourgeoise ?
É. F : A côté de Lirico Spinto, je suis également devenu directeur musical de l’Ensemble Opéra Piano à Strasbourg ; il s’agit d’un ensemble spécialisé dans la production d’opérettes et plus particulièrement les œuvres de Jacques Offenbach.
C’est un répertoire qui me tient beaucoup à cœur (notamment les opérettes hongroises de Kálmán et Lehár) et qui est je pense, trop peu étudié et joué en France. Le manque d’accessibilité à un matériel de qualité est aussi un frein à sa diffusion, et laisse place à des arrangements qui ne rendent pas justice à cette musique qui, au-delà de l’aspect jovial et pétillant, est très difficile ! En effet, la direction d’opérettes demande une technique et une concentration à toute épreuve afin de s’adapter aux changements de caractères brusques mais aussi gérer les aléas du direct, liés à la musique ou à la mise en scène.
Ch. D. : Et Wagner dans tout ça ?
É. F. : Ayant remarqué mon engagement dans l’art lyrique, Mathieu Schneider, un de mes professeurs à l’Université de Strasbourg et grand spécialiste de Wagner, m’a demandé de prendre l’initiative de créer le Jeune Cercle Wagner, avec l’appui de Louis Oster, président du Cercle de Strasbourg. Ce dernier nous soutient dans nos démarches et nous invite régulièrement dans leurs déplacements, notamment à Karlsruhe où nous avons pu voir de belles productions de la Tétralogie.
Ch. D. : Quelle est la spécificité d’un cercle Wagner dédié aux jeunes ?
É. F. : La création d’un Jeune Cercle Wagner partait du constat suivant : la moyenne d’âge élevée des cercles et la situation sociale de leurs membres crée un gouffre entre les anciens et les jeunes amateurs de lyrique. Notre cercle est là pour créer un lien entre les générations autour de l’opéra en général, mais également autour l’œuvre de Wagner. Nous sommes là pour partager cet art avec ceux qui ne le connaissent pas ou qui n’y ont pas accès, ainsi que leur donner l’envie et les possibilités de développer leur goût pour la musique lyrique et la scène.
Il faut donc amener les jeunes à l’opéra mais aussi amener l’opéra aux jeunes, en organisant des soirées, des sorties à l’opéra (à Strasbourg ou même à l’étranger), des récitals orchestre/soliste comprenant des extraits d’œuvres afin de faire découvrir ce répertoire que l’on peut difficilement connaître sans entrer dans une salle d’opéra.
Je pense qu’aujourd’hui et dans les conditions politiques actuelles, la diffusion de l’art lyrique doit être opérée d’une autre manière, afin de toucher un plus large public, et qu’il est possible de convaincre ce public que cet art n’est pas un produit du passé réservé aux générations précédentes. Je suis convaincu qu’il est bien un art d’aujourd’hui pouvant toucher tout le monde. Pour ce faire, nous envisageons par exemple d’autres formes de concerts, mettant un point d’honneur à la communication directe avec le public…
Ch. D. : Merci, Cher Étienne, de cette initiative si bienvenue ! Grâce à votre enthousiasme, la passion wagnérienne n’est pas près de s’éteindre, et nul ne doute que Strasbourg demeurera encore longtemps l’une des villes les plus actives en France pour promouvoir l’œuvre poétique et musicale de Richard Wagner.